Benjamin Mercier
Surfeur, entrepreneur engagé et ramasseur de déchets sur son temps libre, Benjamin ne cherche pas à prêcher ni à imposer, mais plutôt à inspirer. Sa démarche écolo s’ancre dans une vision tolérante qui devrait en déculpabiliser plus d’un⸱e !

Où est-ce que tu vis et à quoi ressemble ton chez-toi ?
J’habite à Camblanes-et-Meynac, une petite commune à un quart d’heure de Bordeaux. Nous vivons dans une maison en pierre que nous rénovons depuis deux ans, et que nous devrions terminer très bientôt. Notre terrain donne directement sur la Garonne, avec un accès privé. C’est un cadre très verdoyant, avec des arbres fruitiers. On est en pleine nature, tout en restant proches de la ville !
Quel est ton métier et penses qu'il a un impact positif sur le monde ?
Je suis cofondateur de GaiaConnect, une plateforme qui aide des personnes à trouver du sens dans leur travail par la transition vers des métiers à impact positif. Nous avons une communauté de 250 mentors bénévoles qui accompagnent ces personnes dans leur transition, grâce à leurs expériences, expertises ou leur réseau. Nous sommes la plus grande communauté de mentors de l’impact positif en France !
Quant à l’impact positif, je dirais qu’il est surtout indirect. Nous facilitons des transitions professionnelles vers des rôles qui contribuent à la mise en place de politiques RSE, par exemple. C’est un effet boule de neige : nous aidons les gens à se repositionner et, en retour, ils créent du changement là où ils travaillent. On ne sauve pas des baleines, mais c’est notre petite pierre à nous.
Je vois aussi beaucoup de personnes en burn-out, presque quotidiennement. Nous leur mettons en face des profils qui sont passés par des situations similaires et, parfois, juste échanger avec quelqu’un qui a traversé les mêmes épreuves fait beaucoup de bien. Cela permet de se dire « je suis normal⸱e » et de reprendre confiance. Nos mentors aident aussi à poser les bonnes questions.

Quel aspect de ta transition écologique te coûte le plus ?
Les voyages. J’adore voyager, et comme aujourd’hui je privilégie les séjours en France, cela me manque un peu de découvrir d’autres cultures.
Donc tu ne prends plus l’avion ?
Je limite au maximum les vols, mais il m’arrive encore de prendre l’avion. Je ne fais pas la morale aux autres, chacun a ses contraintes. Il y a une différence entre le mec qui prend l’avion pour aller au Club Med de Marrakech et celui qui y va pour rencontrer des gens, pour ouvrir l’esprit de ses gamins. C’est parfois un mal nécessaire.
Moi je vais avoir 40 ans l’an prochain. Quand j’ai commencé à bosser, il y a une vingtaine d’années, je prenais l’avion tous les trimestres pour aller aux États-Unis. Pourtant, je suis sensibilisé à l’écologie depuis que j’ai 12-13 ans. Je suis surfeur depuis que je suis gamin, je ramassais déjà des déchets. Mais cette question-là, celle de l’impact écologique des vols, elle ne se posait même pas. Et le jour où j’ai commencé à mettre le nez dedans, j’ai réalisé à quel point c’était énorme. Mais ça tu t’en rends compte seulement quand tu es sensibilisé. Aujourd’hui je fais les choses de mon côté sans culpabiliser les autres. J’essaie de montrer l’exemple et qui m’aime me suive.
Et on te suit, parfois ?
Moi je fais des ramassages de déchets, mais je ne le fais pas juste pour ramasser des ordures. Bien sûr, je repars avec 4, 5 ou 6 kilos de déchets, que je recycle autant que possible. Mais ce qui m’intéresse, c’est surtout d’aller dans des lieux comme les bois ou des espaces fréquentés par des familles. Là, les discussions sont souvent ultra intéressantes. Des gens me disent : “Je ne m’en rendais pas compte”. Et c’est ça qui est important. Ils me demandent parfois : “Vous travaillez pour la commune ?” Et je leur réponds que non, que je prends simplement mon sac, que je ramasse les mégots et autres déchets. Certains s’étonnent : “Oh, ce n’est pas grave, juste un mégot ?” Alors je leur explique que même un seul mégot peut polluer 500 litres d’eau. En les intégrant dans la conversation, sans les prendre de haut, les réactions sont généralement positives.
Sur Instagram, j’ai reçu de nombreux messages de personnes qui me disaient : “Je ne vis pas loin, j’aimerais bien participer.” Souvent, ils ont peur de se sentir un peu ridicules, seuls avec un sac-poubelle, ramassant des déchets. Ils se disent que c’est l’occasion de le faire avec quelqu’un. Alors je les accueille et c’est toujours une expérience très cool.

C’était comment tes dernières vacances ?
J’ai un van aménagé, parce que je suis surfeur et que j’aime bien dormir près des spots. Cet été, avec ma compagne, nous avons fait un tour de France en visitant des endroits sympas comme le château de Guédelon, un chantier médiéval qui m’a vraiment impressionné. On a campé dans la nature, vu un peu de famille et profité de la tranquillité tout en découvrant de jolis coins de notre pays.


Et à quoi ressemble Noël chez toi ?
Noël, pour moi, c’est toujours un peu compliqué. Je ne suis pas à l’aise avec le côté matériel et la surconsommation, mais je fais avec pour mettre tout le monde à l’aise. Perso tu m’offres une paire de chaussettes à Noël et je suis content ! On passe souvent les fêtes chez mes beaux-parents et je m’efforce d’offrir des cadeaux utiles, d’occasion si possible. Je les questionne pour savoir ce qu’ils veulent. À table je suis le seul végétarien, mais ils font toujours un effort pour moi en préparant quelque chose de spécial.
Quel est le dernier cadeau que tu t'es offert pour le plaisir ?
Une bande dessinée d’occasion. Je suis tombé par hasard sur la suite d’un tome que j’avais emprunté à la bibliothèque mais ils n’avaient pas le tome 2, alors je l’ai acheté. Je ne fais plus souvent des achats plaisir, mais quand je le fais, c’est toujours réfléchi.
Penses-tu que mener une vie écolo coûte cher ?
Pas forcément. En ce qui concerne l’alimentation, par exemple, j’ai réduit mes dépenses en supprimant la viande tout en mangeant mieux. En revanche, rénover une maison de manière écologique coûte effectivement plus cher. Mais, finalement, je pense que beaucoup de dépenses peuvent être évitées en changeant simplement notre façon de consommer. Si on arrête d’acheter des choses inutiles, on peut se permettre quelques autres plaisirs sans culpabilité.
As-tu des recommandations de livres, podcasts ou films sur l’écologie ?
Oui, je recommande la bande dessinée Le Monde sans fin de Jean-Marc Jancovici (que j’aime bien offrir à Noël aussi !). Il a une approche accessible et bienveillante. Dans le premier tiers du bouquin, il t’explique qu’utiliser du pétrole est naturel et qu’on aurait été idiots de ne pas le faire. C’est intelligent, parce qu’on n’arrive à rien en culpabilisant les gens.

Un autre ouvrage que j’apprécie, c’est Les Inspirants de Delphine Darmon, qui compile des interviews sur le thème de l’engagement professionnel.

Bilan environnemental de la vie de Benjammn : 5,6 tonnes de bonheur. Alors, ça ne donne pas envie ?