Yohan Lafon
Yohan est entrepreneur, père de famille et entremetteur : il connecte celles et ceux qui veulent trouver un job correspondant à leurs valeurs avec des personnes qui, comme lui, ont déjà cette chance.

Où habites-tu et à quoi ressemble ton chez-toi ?
J’habite à Toulouse, dans une maison avec un petit jardin. J’ai un enfant et c’était important pour nous d’avoir un espace vert. On a aussi un jardin partagé, à côté d’un lac, dans lequel on peut planter des légumes. On s’y rend parfois pour passer un moment avec plein de gens de milieux sociaux différents, pour boire un coup, organiser une partie du jardin ensemble…
Quel est ton métier ? Penses-tu qu'il a un impact positif sur le monde ?
Je suis entrepreneur. J’ai créé un startup studio, Jumanji Studio, qui a pour vision de faire basculer nos modes de consommation vers des habitudes plus sobres et désirables.
Il y a un gros travail de nouveaux récits à raconter et ceux qui s’y attellent sont souvent vus comme les rabat-joies de service. Alors que moi, à titre personnel, je me suis rendu compte que plus je suis allé dans la direction de la sobriété, plus je suis devenu heureux.
Présentation de GaiaConnect par Yohan, l’une des boîtes de Jumanji Studio.
On peut donc être écolo et heureux ?
J’ai discuté avec des personnes de l’ADEME (Agence de la transition écologique) comme Timothée Parrique et Philippe Moati, et avec d’autres experts de divers instituts. Tous font le lien entre sobriété – en termes de consommation – et bonheur.
Quand on consomme, notre cerveau développe de la dopamine – connue sous le nom de « l’hormone du bonheur » – pendant quelques minutes. C’est très éphémère et frustrant, car tu voudras toujours quelque chose de nouveau. Et puis la consommation t’éloigne terriblement du lien social. De l’autre côté, ceux qui se tournent vers plus de minimalisme vont développer leurs liens sociaux, qui procurent un bonheur plus durable. Se balader en forêt ou faire des jeux avec ses amis, ça ne coûte rien ou presque, et c’est à portée de main.
Que fais-tu généralement le week-end ?
Je passe pas mal de temps avec ma compagne et mon enfant. On va aussi souvent voir des amis. Je fais du sport, de la rando… Rien d’exceptionnel donc, mais c’est un kiff.


Où es-tu allé lors de tes dernières vacances ?
On est partis au Pays basque, parce qu’on adore l’océan et que j’aime bien surfer. On y a retrouvé des potes et leurs enfants dans une maison partagée. On est allés à la plage, on s’est baladés, on a ri, bu quelques bières… Bref, on a juste ralenti le rythme.
Ça aussi, c’est quelque chose que j’ai appris par rapport au sujet de la consommation : on a tendance à vouloir tout accélérer. Les vacances se consomment aussi. Il faut partir le plus loin possible, faire le plus de choses possible en un temps réduit.
Pour, nous, maintenant, les vacances se résument à profiter et à se détendre.
Comment fêtes-tu Noël ?
J’ai deux types de Noëls. Celui avec ma famille est plutôt classique, même s’il y a beaucoup de seconde main et d’achats regroupés.
La famille de ma compagne est beaucoup plus engagée sur l’écologie. On demande à chacun ce dont il a envie pour rendre les achats utiles. On offre aussi de plus en plus d’expériences, je trouve ça canon. J’offre des week-ends à mes parents, à Las Vegas par exemple. Je plaisante ! Mais des spectacles ou des concerts, ça oui !
Tu te souviens du dernier achat que tu as fait juste pour le plaisir ?
Une combinaison de triathlon. Je viens de m’y mettre et j’ai fait ma première course sans combinaison. Résultat : j’ai compris pourquoi tout le monde en portait.
Un bon réflexe à adopter pour consommer différemment, c’est de prendre son temps. Si tu as envie de quelque chose, laisse passer 2 ou 3 semaines pour voir si le désir reste. Ensuite, demande-toi s’il y a d’autres moyens de l’acheter. Est-ce que tu peux le louer ? L’emprunter ? Le trouver d’occasion ou reconditionné ?
Est-ce qu'il y a un aspect de ta transition écologique qui t'a coûté ?
Je pense que les voyages, ça coûte à tout le monde. Nous, avant d’être engagés, on a eu la chance de voyager pas mal ces dix dernières années. J’ai habité en Inde, ma compagne à Singapour, et puis on a vécu dans différents pays. On ne dit pas qu’on ne voyagera plus jamais loin. Peut-être qu’une fois tous les 5 ou 10 ans on se l’accordera en essayant de réduire notre impact, notamment en restant de longues périodes sur place.
Ce que je dis souvent à mes potes qui ne réfléchissent pas comme ça, c’est que ce sont des choix que nous faisons pour nos enfants. C’est à nous de prendre nos responsabilités si on veut qu’ils vivent la même chose que nous, qu’ils kiffent autant.
Quel est ton régime alimentaire ?
Je suis végétarien depuis que je suis tout petit, alors que je suis petit-fils d’agriculteur. À l’âge d’un an et demi, je suis tombé malade et à partir de ce moment-là je n’ai plus du tout voulu manger de viande. Ça m’a dégoûté, mon corps l’a rejetée. Mes parents ont cru que ça allait être passager, mais non, c’est resté.
Est-ce que tu penses qu'être écolo coûte plus cher que de ne pas l'être ?
Beaucoup de gens pensent ça. C’est vrai sans l’être. Je vais prendre un exemple frappant.
J’achète mes légumes à Biocop et j’achète peu de produits transformés. Ce qui coûte cher, ce sont les produits transformés. Donc si tu as le temps de faire la cuisine et que tu achètes des produits de saison, tu peux acheter bio sans que cela te revienne beaucoup plus cher.
As-tu un film/livre ou podcast en rapport avec l'écologie à conseiller ?
La BD Un monde Sans Fin de Jean-Marc Jancovici est extrêmement intéressante. Les enjeux liés au climat sont très bien vulgarisés et l’approche n’est pas du tout culpabilisatrice.

Je pense aussi au podcast « Demain n’attend pas » de l’une des mentors de GaiaConnect, Dephine Darmon. Elle interviewe plein de gens exceptionnels sur les sujets sociaux et environnementaux.
Bilan environnemental de la vie de Yohan : 5 tonnes de CO2/an.
Alors, ça ne donne pas envie ?